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en la boutique, va respondre, en regniant Dieu, qué les Seize n'avoient que faire du duc de Maienne, et qu'il avoit plus affaire d'eux qu'eux de lui. Au reste, que c'estoient les Seize qui l'avoient fait, et qu'ils le desferoient bien quand ils voudroient; et que les Seize, puisque Seize y avoit, n'estoient pas si peu hardis qu'ils ne lui dissent bien à luimesmes à sa barbe.
Ce jour, nostre maistre Boucher aiant rencontré par hazard l'avocat d'Orleans C1), comme il alloit par ville, lui demanda en riant à quel jeu c'estoit qu'ils l'avoient perdu. « A la rafîle, lui va respondre l'autre tout prom­et tement : » comme lui voulant dire qu'ils estoient tous larrons. Gar encores que l'avocat d'Orleans fust de la Ligue ct des plus avant, si n'estoit il plus des Seize depuis la mort du president Brisson : car il en avoit trouvé l'acte si barbare et si vilain, qu'il les en detestoit et hayioit. C'est pourquoi Boucher lui deinan-doit à quel jeu ils l'avoient perdu.
Ce jour mesme, on me fist voir la lettre des Seize qu'ils avoient escrite au roi d'Hespagne, laquelle on trouvera entre mes papiers. Elle est en dacte du ao novembre 1591, et porte creance en ces mots :
« Le reverend pere en Dieu, present porteur, est bien instruict de nos affaires, et suppléera au défault de nos lettres envers vostre catholique Majesté, la­quelle nous supplions vouloir ajoustér foy à ce qu'il lui rapportera. »
Et est escrit audessoubs :
f 0 L'avocat d'Orleans: Louis d'Orléans, avocat général au parle­ment de Paris pendant les troubles de la Ligue. Il étoit mauvais ora­teur; a fait plusieurs pamphlets contre le Roi j entre autres le Catho­lique anglais, et le Banquet du comte ét urette.
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